“nous partons à la rencontre de nos parts chargées”
L’arrivée à Saint-Martin de Londres, dans l’arrière pays de Montpellier, est pour moi évocatrice d’heureux souvenirs. J’arrive néanmoins à ce deuxième week-end FID chamboulé par une éprouvante expérience de jugement. Le bide noué, les larmes aux yeux, le mental qui tourne en boucle, j’ai conscience d’être amalgamé à quelques parts blessées.
Je renoue avec le groupe en douceur, ressentant immédiatement un premier soulagement, celui d’arriver dans un espace non jugeant, où je sais être accueilli tel que je suis. Un espace où les autres perçoivent ma beauté autant que ma vulnérabilité : je sais que c’est bienvenu. La première méditation de l’après-midi arrive à point nommé. A partir de notre ancrage dans le sol, elle nous invite à ouvrir autour de nous une bulle de sécurité et à nous connecter à notre self. De là, toutes les explorations semblent possibles. Nous faisons l’expérience de ce que la sécurité, la préservation de notre intégrité, est un préalable à l’exploration et à la croissance. En ayant connecté à mon self, me voilà décollé de mes parts blessées. Elles sont là, je les vois, j’en prendrai soin, mais elles ne m’envahissent plus. Et je peux permettre à mon self de s’exprimer en leur nom, plutôt que de m’exprimer directement depuis elles. En disant “il y a des parts de moi blessées” la communication est plus ouverte qu’en disant “je suis blessé”.
Notre rencontre avec l’IFS se poursuit le samedi, après la tenue vendredi soir d’un cercle d’hommes et un cercle de femmes pour aborder le sujet de la place des deux genres dans notre groupe. Un moment précieux de questionnement et de prise de conscience, porté par la volonté de débusquer les formes de domination/soumission que nous véhiculons malgré nous.
Le samedi, nous partons donc à la rencontre de nos parts chargées. Ultra managers, pompiers, enfants exilés. Avec ce constat : les enfants exilés préfèrent être touchés que d’être ignorés : la vie va nous conduire à les rencontrer ! Comme le dit Jung, la première partie de la vie consiste à tomber dans un trou, la deuxième partie de la vie consiste à essayer d’en sortir !
Après quelques explorations vient le temps de laisser nos enfants libres s’exprimer. Me voilà bien surpris d’abaisser mes habituels mécanismes de contrôle pour m’autoriser à danser très librement puis sauter dans la piscine pour partager un bain nocturne sous une lune presque pleine. Chacune et chacun de nous ressent, je crois, combien nous vivons individuellement et collectivement une transformation profonde. Combien le cadre du groupe est précieux pour nous connecter à nos selfs et oser plonger de plus en plus profond à la rencontre des parts blessées en nous.
Dimanche, nous abordons la guidance à partir du self. La dernière séance de mapping que nous propose Isabelle ressemble à un conseil d’administration intérieur. Elle ouvre un espace de dialogue entre nos différentes parts et notre self pour développer notre self-management ou self leadership. Cette forme de médiation collective entre mes différentes parts m’apporte de nouveaux des perspectives inédites d’exploration. Mettant en mouvement et en cohérence nos apprentissages depuis le début du parcours FID. Je repars avec la conscience d’un moment privilégié, partagé avec mes soeurs et mes frères en humanité.
Benjamin