Les « jeux de rôle » – à quoi joue Marshall ?

Cher·es ami·es,

Je reviens d’un stage du parcours de certification A-Certif (septembre 2022) très touchée et épatée, avec une grande envie de partager !

J’ai pensé à toutes les personnes aspirant à transmettre la Communication NonViolente (CNV) – en particulier concevant ou prenant part au parcours FID.

Il s’agit des « jeux de rôle » : cette pratique est intégrale à la transmission de la CNV – on le voit bien en regardant les vidéos de Marshall Rosenberg et en assistant aux stages de Thomas d’Ansembourg notamment … et en remarquant comme ça nous parle !

Cette pratique permet en effet de ramener au présent, par le corps, à ce qui est vivant, pour moi comme pour l’autre, et de faire sentir ce qui se passe quand on met en œuvre la CNV.

Il y a de nombreux formats pour ce jeu, dont parmi les plus simples :

• Le jeu didactique : sur un temps court, la·e formateurice joue l’un et l’autre rôle dans une situation proposée par un·e participant·e. On lui permet de sentir « ce que ça fait » de recevoir un message en mode chacal ou en mode girafe – est-ce que ça « ouvre » ou est-ce que ça « ferme » ?
• Le jeu simple : sur un temps un peu plus long, la·e formateurice joue en mode girafe une personne avec laquelle la·e stagiaire a une difficulté au présent : écoute empathique puis expression authentique.

On peut utiliser les marionnettes de girafe et chacal – j’adore la douceur et le décollage des situations que ça permet ! En pensant bien sûr à souligner que ceux sont 2 parts de nous-mêmes, à accueillir et accepter (pour éviter la pensée binaire !).

C’est une très belle occasion de voir où on en est soi-même dans l’intégration de la CNV : ça demande en effet d’être capable de donner de l’empathie et d’être en expression authentique, comme ça, pif paf, devant un groupe de personnes… ça demande de s’entraîner :

• Passer par l’auto-empathie,
• Décomposer les étapes au ralenti – le grand enjeu étant de démêler les besoins en propre des besoins « sur l’autre » / des stratégies…
  • Pour l’expression authentique : rester bien chez soi
  • Pour l’empathie : accueillir ce qui est chez l’autre pour qu’elle·il se reconnecte.

Et bien je peux vous dire que ça n’est pas facile ! Surtout quand on parle de lien avec ses enfants, parents, autres personnes très proches !

• Prendre des risques : se jeter à l’eau, avec humilité et authenticité !

Justement, j’ai tenté cette figure sans filet dans un atelier de découverte de la « communication consciente ».

Relation téléphonique difficile avec un client :

• Madame, je sais de quoi je parle !! Donnez-moi le numéro de votre chef !!
• Est-ce que vous êtes inquiet et vous aimeriez vérifier que vous êtes compris ?
• Non, je n’ai pas besoin de compréhension ! là c’est urgent !

GLOUPS – je sens un gros blocage intérieur, vite, vite auto-empathie, j’ai tellement envie de montrer que « la CNV ça marche » !

Alors j’affiche l’auto-empathie pour les stagiaires : Girafe vers moi – comment je me sens … ce que j’aimerais… et je partage ce qui me vient : élan d’expression authentique pour partager ce qui est possible ou non dans cet appel…

Points positifs : montrer l’important de l’auto-empathie comme première étape. Montrer aussi que l’expression authentique peut être utile et ajustée.

Doutes – points d’amélioration : est-ce qu’on aurait pu « mieux faire » pour arriver à l’empathie et la « fonte » de l’interlocuteur ? j’étais sans doute accrochée à mon intention sur cette personne : qu’elle reçoive cette empathie, qu’on crée une connexion.

Après l’auto-empathie, avant de lui parler à nouveau, j’aurais pu prendre le temps de me relier avec cette personne, me connecter avec son émotion et son besoin, en restant ancrée « chez moi ».

Bref, j’ai de quoi m’entraîner encore.

Guidée par les apprentissages du groupe Diversité & Décentrage (voir la FAQ), j’étais aussi attentive aux dimensions systémiques dans la transmission – au moins celles qui m’étaient perceptibles – pendant le stage.

Jeu de rôle didactique avec la situation d’une participante (fictive) : le mari dit à sa femme « depuis qu’il y a les enfants, tu ne t’occupes plus de moi ! »

Premier chemin possible (et souvent réflexe) : montrer à la participante comment donner de l’empathie…

Deuxième chemin possible : avoir conscience des enjeux systémiques liés à la surcharge de travail domestique, de charge mentale et émotionnelles des femmes dans les couples hétéro (voir les BD d’Emmaclit), avoir aussi en tête que les formateurices de CNV soulignent qu’un trop grand focus sur l’empathie a été mis jusqu’à présent et le besoin de rééquilibrer avec l’apprentissage de l’expression authentique. > proposer de montrer ce que serait une expression authentique, et ce que ça permettrait.

On en a conclu qu’il s’agissait de choisir le chemin souhaité avec la participante.

« L’expression authentique permet à l’autre de me rencontrer »

Je serais curieuse de voir comment ces dimensions s’intègrent dans le programme FID ou comment elles pourront venir le compléter… Et de savoir si tout cela vous parle !

J’étais aussi touchée par les formatrices « grandes girafes » (càd qui se sont formées avec Marshall Rosenberg) Vinciane MARLIERE et Laurence BRUSCHWEILER, ainsi que la profondeur et la connexion qui se sont installées rapidement dans le groupe, comme j’ai pu le vivre dans l’autre stage du parcours de certification auquel j’ai pu assister. C’est vraiment une joie de continuer à explorer la CNV en découvrant d’autres « couleurs » de son incarnation et d’autres compagnes et compagnons de chemin ! (avec 20j de formations de 3 formateurices différent·es, vous pouvez participer aux stages « fondamentaux » du parcours A-Certif).